Alimentation Quand les pommes de terre améliorent les performances de reproduction post-sevrage
Une étude, menée en Belgique, montre qu’il est possible d’améliorer les performances de reproduction et de post-sevrage, des truies et de leurs porcelets, en leur fournissant un complément issu de la fermentation de protéines de pomme de terre. Explications.
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Chez les truies allaitantes qui reçoivent le complément issu de la fermentation de protéines de pomme de terre, les performances de reproduction post-sevrage sont améliorées. (© Terre-net Média) |
Ainsi, si ces dernières années, le gain de porcelets nés vifs par portée a été amélioré, il faut aussi reconnaître que, dans le même temps, près d’un quart de ces porcelets supplémentaires ne parvient toujours pas à atteindre le sevrage.
Une attention particulière aux animaux en détresse énergétique
« La question est de trouver le bon équilibre entre la prolificité et l’hyperprolificité pour maintenir la compétitivité des élevages et gommer l’image sociétale négative de l’évolution des pratiques de production », explique José Wavreille, chercheur au Centre wallon de Recherches agronomiques.
C’est pourquoi le centre de recherche a souhaité travailler sur des nouvelles solutions alimentaires favorisant l’activité métabolique d’animaux en détresse énergétique. Ce travail a été mené en partenariat avec l’Unité de Biologie animale et microbienne d’Agro-Bio Tech Gembloux et l’entreprise Ardol BV, basée au Pays-Bas.
Ce qu’il faut retenir
L’étude belge montre une valorisation énergétique de l’aliment plus intéressante chez les truies allaitantes qui reçoivent le complément. Les performances de reproduction post-sevrage sont améliorées. De même, les porcelets sous la mère présentent une vitalité plus élevée qui permet une prise de colostrum 20% supérieure. De plus, la production de colostrum par la truie est largement améliorée. Enfin, le gain de poids des porcelets sur les 4 premiers jours de vie est meilleur. Bien que le taux de mortalité des porcelets n’ait pas été diminué, il y a là des réponses intéressantes à la problématique étudiée. Le mécanisme physiologique grâce auquel le complément améliore ces paramètres passerait par une stimulation de la libération hépatique d’IGF-I, véritable activateur des productions, alors même que la balance énergétique négative en affecte la production. |
Des similitudes…
L’étude a porté sur 40 truies réparties en deux modalités : un groupe témoin et un groupe recevant le produit issu de la fermentation de protéines de pomme de terre.
« Ce complément, le Lianol Solapro® commercialisé par Ardol BV, est distribué sur l’aliment de gestation à raison de 10 g/j en maternité, jusqu’à trois jours après la mise-bas ; il est ensuite incorporé à l’aliment d’allaitement au taux de 0,1 % », précise José Wavreille.
L’analyse des résultats montrent que les caractéristiques des truies à l’entrée et à la sortie de maternité sont similaires pour les deux traitements. De même, les deux lots ont consommé la même quantité quotidienne d’aliment, à savoir 2,098 kg d’aliment gestation et ensuite 4,235 kg d’aliment d’allaitement. Une autre similitude est relevée au niveau de la ta taille des portées (nés totaux, nés vivants, sevrés) et du poids moyen des porcelets, « semblables pour les deux traitements » et au niveau du taux de sevrés par portée (exprimé sur nés vivants ou nés totaux).
… et des différences
Toutefois, le fait d’amener un complément affecte la balance énergétique négative en allaitement. En effet, cette dernière est plus importante chez les truies ‘complément’ (-20 MJ EM/j) que dans le lot témoin (-25 MJ EM/j).
L’explication se trouve dans le fait que les truies complémentées ont produit davantage de colostrum, ce qui a entraîné une consommation énergétique interne plus importante. Autre différence : au cours des 24 premières heures, les porcelets ‘complément’ réalisent un gain de poids supérieur et consomment davantage de colostrum.
Des truies en meilleure forme
Les truies complémentées ont un taux d’IGF-I plasmatique significativement supérieur après quatre jours de lactation et au sevrage. « Dans les faits, l’IGF-I plasmatique agit comme un véritable activateur des productions, alors même que la balance énergétique négative en affecte la production », résume José Wavreille. En clair, le complément a donc induit l’effet attendu par les scientifiques : ainsi, la production supérieure de colostrum résulterait d’un taux d’IGF-I supérieur, cette dernière stimulant la lactogénèse.
Mieux, l’effet se retrouve également chez les porcelets puisque l’on observe aussi un taux plasmatique d’IGF-I supérieur à 4 et 24 jours. « Leur gain de poids quotidien est 22 % plus élevé au cours des quatre premiers jours de vie : 174 g/j contre 143 g/j pour les porcelets ‘témoin’. »
Une action qui se poursuit après le sevrage
Le choc du sevrage entraîne généralement un déficit nutritionnel, qui peut venir abaisser les performances de reproduction ultérieures des truies.
Pour préciser la rémanence de l’effet de ce complément, les scientifiques ont donc suivi les performances de reproduction des truies.
Les résultats sont particulièrement intéressants, puisqu’il s’avère que les truies ‘complément’ présentent :
- Un taux de venue en œstrus non-diminué (17/18 contre19/22) ;
- Un intervalle sevrage-saillie semblable (4,7 jours) ;
- Un taux de mise-bas plus élevé (17/18 contre 16/22).
Au cycle suivant, la taille des portées à la naissance n’est pas significativement différente. « Toutefois, à quatre jours d’âge, le taux de survie est supérieur » (91 % vs 83 %). Enfin, le poids moyen des porcelets par portée est semblable (2125 g) et la variabilité intra-portée est moins importante pour les portées ‘complément’ (85 g contre 108 g pour le lot témoin).
Pour aller plus loinIfip-Institut du porc : http://www.ifip.asso.fr/ |
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